Villeurbanne (69) Le parc Jacob-Hugentobler, un belvédère sur une oasis en ville dense
Primé en 2018 avec « Paysage en projet » par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement et la Métropole de Lyon, cet espace public vient d’obtenir une médaille d’or aux dernières Victoires du paysage 2020 dans la catégorie aménagement de quartier-maîtrise d’ouvrage public.
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L’ancienne propriété du rectorat, en friche depuis plusieurs années, a été acquise par la Ville de Villeurbanne (69) afin d’y implanter le parc Jacob-Hugentobler, pour répondre aux souhaits des habitants du quartier, qui, face à de nouveaux projets de construction et de densification urbaine, demandaient un espace d’ouverture et de verdure supplémentaire. Situé entre les rues Jean-Jaurès et Valentin-Hauy, cette zone d’une surface de 6 500 m² s’insère dans un tissu urbain dense et hétérogène, avec la présence d’immeubles d’habitations et de logements étudiants dont certains donnent directement sur le parc, de maisons individuelles, d’établissements scolaires et de loisirs : collèges, écoles élémentaires, centre culturel.
Le concours lancé en 2014 fixait plusieurs objectifs pour la création de ce jardin, qui devait devenir un espace de détente à forte dominante végétale. En tout premier lieu, l’impératif était de le rendre accessible à tous en respectant les normes PMR (personnes à mobilité réduite) d’un bout à l’autre du cheminement principal (maximum 4 % de pente), et ce en dépit d’un dénivelé important (neuf mètres de hauteur sur 160 de longueur). Le site est en effet implanté sur des pentes dites balmes lyonnaises, le dernier secteur de Villeurbanne où l’on peut encore observer cette particularité topographique. Les autres balmes, qui ont été mangées par l’urbanisation, ne sont pratiquement plus perceptibles visuellement pour un public non averti.
Aussi, le second objectif du projet était de redonner au site une lecture topographique et paysagère. Un ancien canal d’irrigation, aujourd’hui hors service, la Rize, le traversait autrefois. Retrouver cet élément remarquable faisait également partie du cahier des charges.
Dernier élément à prendre en compte, un grand Ginkgo biloba poussant au centre du terrain devait être conservé et mis en valeur. En dehors de deux autres arbres dans la partie haute, aucune végétation n’était présente. Par ailleurs, la Ville a procédé à la démolition des bâtiments désaffectés et à l’excavation du sol à ces emplacements.
105 mètres de passerelle métallique sans une once de béton
Le projet présenté par l’agence Atelier sites, basée à Montpellier (34), se structure en plusieurs éléments, afin de révéler la géographie particulière de cet endroit. La topographie a été fortement modifiée pour renforcer l’effet belvédère dans la partie haute du parc. La descente commence par un parcours en zigzag sur 140 mètres afin de respecter la contrainte PMR et déboucher sur une première terrasse à mi-pente. À partir de là, les usagers peuvent soit poursuivre leur déambulation au travers de la prairie, pour une promenade plus intime, soit emprunter la passerelle métallique. Celle-ci, longue de 105 mètres, est l’élément phare de l’aménagement. Elle répond à plusieurs des contraintes imposées : le contournement et la mise en avant du gros Ginkgo biloba, la norme PMR ainsi qu’une emprise minimale au sol (pieux battus enfoncés de trois à six mètres et absence totale de béton pour cet ouvrage).
Ce cheminement « aérien » permet de pénétrer dans les différentes ambiances végétales, du ras de terre jusqu’à la canopée, tout en limitant la perturbation des milieux écologiques recréés. De structure légère, elle se confond avec les arbres par un jeu de poteaux qui la font disparaître dans la végétation. Deux aires de jeux ponctuent l’espace, une en partie basse au niveau de l’entrée, et une immense toile d’araignée à mi-pente.
La balme boisée, puis une prairie
Autre enjeu majeur, la question du végétal. Plusieurs micromilieux ont été créés, avec, en descendant la balme, un milieu plutôt boisé. L’idée était d’être dans un environnement ombragé, à la végétation très fournie. Puis la partie basse autour du ginkgo est aménagée en prairie. Enfin, dernière ambiance, au point le plus bas, l’emplacement de la Rize a été réinterprété. Le nivellement a créé une déclivité, afin d’y diriger les eaux. Un chemin en gravier a été dessiné là où passait le cours d’eau, bordé de végétaux comme des saules nains ou des cornouillers, qui suggèrent un milieu humide. Cerise sur le gâteau, le long de cette promenade transversale a été installlé tout un ensemble de brumisateurs, en forme de douches, qui apportent une touche ludique.
La partie haute, au niveau du belvédère et de la rue Jean-Jaurès, a été aménagée en square urbain, en relation avec la rue. Les deux arbres existants ont été conservés et complétés par des plantations. Deux immeubles du Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) encadrent la place, de grands massifs arbustifs de quatre à cinq mètres de haut longent les façades pour préserver l’intimité de ces espaces privatifs.
Des espèces endogènes demandant peu d’entretien
D’un point de vue technique, les terrassements et le remodelage du terrain ont permis de récupérer des volumes de terre qui, une fois amendés, ont limité les apports de terre végétale. Le choix des plantes s’est porté, en accord avec les services techniques de la Ville, sur des espèces endogènes demandant peu de taille et d’entretien. Le long de la passerelle ont été implantés deux types de végétaux. Des graminées au départ (Calamagrostis, Miscanthus, Festuca…), puis, au fur et à mesure de la progression, en arrivant à la partie boisée, d’arbres et d’arbustes en grand nombre, de préférence des essences locales : plusieurs espèces de chênes, d’érables, des liquidambars de même que des poiriers et pommiers à fleurs, mais également frêne et Zelkova. Ces arbres ont été plantés en tiges ou en cépées, avec, à terme, une évolution naturelle privilégiant la strate arborée au détriment d’une strate arbustive plus éphémère.
Claude ThieryPour accéder à l'ensembles nos offres :